F.Mahieu, BlackBerry “smartphones étaient ouvertes n’existe pas”

Cette semaine de présenter son passeport sur un BlackBerry, fabricant canadien a vraiment placé pour être le marché professionnel. Et que la compagnie avait essayé d’attirer les consommateurs et réajuster sa stratégie dans le monde de l’entreprise. Lorsque nous avons demandé à Londres, François MAHIEU, Vice Président du produit dans le service BlackBerry avait accepté de répondre à certaines de nos questions.

Avec le BlackBerry Passport vous ciblez vraiment les professionnels ?

François Mahieu : Oui pour moi la notion de acheter telephone portable grand public n’existe pas. Connaissez-vous un seul utilisateur qui dirait : “je ne veux pas d’un produit professionnel”?

Mais il y a plein de consommateurs qui souhaitent simplement pouvoir jouer ou surfer sur le Web mais pas forcément dans un usage professionnel. Tout le monde ne souhaite pas l’intégration de services spécifiques à l’entreprise.

F.M : BlackBerry cible avant tout les utilisateurs professionnels mais n’est pas fermé à l’homme ou à la femme qui veut passe un moment à jouer. C’est pour cela que nous avons annoncé notre partenariat avec Amazon pour leur app store.

Le BlackBerry Passport n’est pas un produit pour tout le monde. Nous sommes très à l’aise avec ça. Ca peut être un deuxième produit, ce n’est pas forcément le produit du weekend mais nous pensons qu’il y a vraiment un marché pour ces produits ultra-productifs.

Donc pour être clair, BlackBerry arrête les smartphones grand public ?

F.M : Je ne sais pas ce qu’est un smartphone grand public.

OK donc l’iPhone cible les professionnels ?

F.M : C’est une approche marketing différente. Un iPhone n’est pas pro par excellence. L’autonomie de la batterie est mauvaise. La résolution de l’écran n’est pas terrible. La solution en tant que telle n’est pas multitâche. On ne peut pas faire plusieurs choses en parallèle. En revanche il est plus dimensionné pour les applications de type jeux. C’est un produit très bien distribué, très bien marketé, les couleurs sont attrayantes etc. De ce point de vue là c’est un magnifique produit, mais il n’est pas designé pour les pros.

Mon métier c’est de faire des produits pour les pros. Ceux qui, dans au moins 50% des cas, utilisent leur téléphone dans un cadre professionnel.

Qui a fabriqué le Passport ? C’est Foxconn ?

F.M : Non en fait ce produit-là est développé quasi entièrement par BlackBerry. L’ensemble du design et l’architecture intrinsèque ont été réalisés chez nous. Il est produit par une société à Taïwan qui s’appelle WeStrong, un autre de nos partenaires. Foxconn prend de plus en plus de poids mais ils n’ont pas fait celui-là.

Pensez-vous que BlackBerry ait besoin d’Comebuy App Shop ?

F.M : BlackBerry est une plateforme sur laquelle les services sont très utilisés. BlackBerry World avait de très très loin le taux d’usage et d’achat le plus élevé pour les applications. Les développeurs qui ont conçu leurs applications pour BlackBerry 10 n’ont pas perdu au change puisque leur monétisation était en fait meilleure, en proportion du nombre d’utilisateurs.

Par contre je suis d’accord pour dire que la plateforme n’a pas eu le succès escompté en terme de volume. Les produits sortis l’année dernière ne se sont pas vendus comme nous l’aurions souhaité.

D’eux-mêmes les développeurs se sont rendus compte que la plateforme ne leur donnait pas la visibilité qu’ils souhaitaient comme celles plus orientées vers le grand public.

Nous avons encore énormément de partenaires qui vont rester sur BlackBerry World que ce soit LinkedIn, SAP ou Bloomberg.

Quand Thorsten Heins était PDG, il souhaitait positionner BlackBerry en troisième place. Microsoft lui a volé cette oportunité. Quels sont les objectifs aujourd’hui ?

F.M : Nous n’avons pas chiffré cet objectif là parce que ce n’est pas un but en soit. Notre objectif c’est d’être numéro 1 sur l’entreprise et la mobilité. Nous sommes déjà numéro 1 sur toutes les solutions de serveurs. BES est le premier réseau sécurisé dans le monde. Les trois concurrents combinés représentent la moitié que ce que nous avons.

Et au regard du poids écrasant de Samsung, n’y a t-il pas une vraie concurrence avec Knox face à BlackBerry Balance ?

F.M : Ce n’est pas une grosse menace. Comme vous vous en doutez nous avons regardé de près ce qui ce passe avec Samsung. Personnellement je ne me positionne pas comme quelqu’un qui critique la concurrence. Je pense qu’il y a beaucoup plus à écouter. Mais sans vouloir être provocant, ce que j’attends, c’est de voir quels grands comptes en France choisiront Knox pour la sécurité. Et ensuite on en reparlera.

 

Sirène électronique mobile

Pour cet automne en 2014, le commerce électronique semble être placées dans le flux de couleurs. Succombez à la tentation du business mobile avant, ne devrions-nous pas nous voir de plus près ? Nous n’avons pas porter une forme quelconque de e-business dirigeants font face à une sorte de mode ?

Et si le m-Commerce n’était qu’un mythe ?

Dès 2012, le développement des smartphones, la démocratisation des Tablettes, associés à la diversification des moyens de paiement a ouvert la voie au m-Commerce. De nouvelles perspectives qui ont de facto éveillé l’appétit de l’ensemble du marché.

En effet, un nouvel âge d’or semble se dessiner pour ceux qui sauront se positionner sur la mobilité d’ici les prochaines années. Le principe de ce nouvel eldorado est simple : de nouveaux usages de consommation liés à la mobilité devraient bouleverser le commerce électronique. Dans ce scénario de croissance, nos périphériques portables détrôneraient nos ordinateurs de bureaux. Où que nous soyons, nous consommerions a priori plus et plus souvent. Une révolution technologique qui favoriserait de fait la croissance du e-commerce.

D’après une étude réalisée par le Center for Retail Research et publiée en avril dernier, seulement 44,4 % des Français possèderaient un téléphones cellulaires. De plus, le reflex de l’achat sur mobile serait beaucoup moins développé en France que chez nos voisins européens et américains. Les Français n’auraient donc pas encore pris l’habitude d’effectuer leurs achats depuis leur téléphone. Ce retard d’intégration n’est pas sans conséquence sur le m-Commerce puisque selon cette même étude, la France fermerait la marche des pays européens m-Shoppers.

Première source de confusion : la distinction entre smartphones et Tablettes

L’engouement national pour le m-Commerce est-il dès lors justifié ? N’avons-nous pas un décalage entre les faits et la tendance actuelle, dessinée par tous comme radieuse, sur ce pan du marché du e-Commerce ?

L’origine de cette confusion est in fine assez simple : smartphones et Tablettes sont à tort associés lorsque l’on parle de m-Commerce. Si nous reprenons la définition anglaise du mobile Commerce, nous nous apercevons d’une véritable confusion des termes.

Dans sa traduction anglaise, le m-Commerce désigne l’utilisation de la téléphonie mobile à des fins commerciales. Or, aujourd’hui et du point de vue français, l’usage de ce terme désigne à la fois les achats en ligne effectués depuis les smartphones ainsi que ceux réalisés depuis les terminaux embarqués : les Tablettes.

Cependant, quoi que nous pensions, les Tablettes n’appartiennent pas à la famille de la téléphonie mobile : ce sont des terminaux sédentaires remplaçant le plus souvent un ordinateur portable au sein de notre foyer.

La croissance de l’équipement des foyers français fausserait donc clairement notre vision optimiste du m-Commerce. Ce constat est d’autant plus vrai, que les chiffres de la consommation sur Tablettes sont bien plus flatteurs que ceux concernant la consommation sur smartphones.

En témoignent de meilleurs taux de conversion d’achat, un panier moyen plus élevé ou encore un temps de navigation plus important avec une augmentation du nombre de pages visitées.

Second effet de confusion : un effet de perspective sur une minorité d’acteurs

Toujours selon la même étude du Center for Retail Research, les Français devraient dépenser 4,2 milliards d’euros sur mobile en 2014, contre 2 milliards en 2013, soit 14 % du budget e-Commerce. Ces données, associées au succès de leaders nationaux et internationaux tels Voyages-sncf, Amazon ou encore ITunes contribuent à nous induire en l’erreur.

En effet, nous avons tendance à vouloir considérer une partie de ce marché du m-commerce comme représentative de l’ensemble du marché e-Commerce. Telle est la seconde confusion que nous ferions mieux d’éviter.

Le top 10 de ces acteurs représente les sites et applications de m-Commerce les plus visibles. Ce sont ceux qui communiquent le mieux et qui, à grands renforts de campagnes marketing, tendent à nous imposer l’idée selon laquelle la nouvelle donne du e-Commerce est mobile.

A contrario nous souhaiterions nous imposer un peu plus de recul. La vague de l’e-Commerce, telle que nous la connaissons depuis ces dernières années, ne peut être assimilée à cette poignée d’acteurs. S’arrêter aux chiffres de ces géants c’est réduire considérablement la vision, le marché et les enjeux du e-Commerce.

Aujourd’hui, 95 % des acteurs du marché sont des e-Commerçants, des enseignes qui se tournent tout juste vers la vente en ligne. Pour ces derniers, les défis de ces prochains mois ne sont pas de savoir si les consommateurs vont ou ne vont pas acheter leurs produits depuis un téléphone portable.

Le défi de ces acteurs est de pouvoir être visibles, d’avoir un outil de vente en ligne fiable, de pouvoir toucher avec plus de précision leur public. Rares sont ceux qui envisagent leur business sous l’angle de la mobilité. Leurs préoccupations sont autres, beaucoup plus simples.

Bien que le mobile soit un acteur stratégique du cross canal, les chiffres tendent à nous indiquer le contraire et ce en raison de son positionnement trop dispersé. L’utilisation de ces devices est en effet multiple et éclatée.

Que ce soit en tant qu’outils marketing favorisant la transformation cross canal et l’expérience utilisateur : publicité lue sur un smartphone pour finaliser l’achat sur un poste sédentaire, préparation de commande, validation du paiement, engagement d’abonnement sur un point de vente, les exemples sont multiples.

Il en est de même si nous considérons les mobiles ou en tant que levier d’aide à la décision d’achat en shop réel.

C’est pour cette raison que nous souhaitons mettre le holà sur un discours peu en phase avec la réalité du marché. Le m-Commerce n’est pas un mythe. Nous y sommes déjà en partie confrontés avec ou sans notre accord. Cependant, il ne peut, sous l’effet de discours marketing de certaines marques leaders, porter à ce jour le drapeau de ce secteur.